ECHOSTAR : Kandia Kouyaté, la voix d’or de Kita à ne pas oublier

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Depuis sa longue maladie, les mélomanes maliens ont tendance à oublier Kandia Kouyaté, la voix d’or de Kita. Jouissant de toutes ses facultés, malgré les séquelles de la maladie, l’artiste la plus représentative de Kita, loin du micro tient à assumer toute la responsabilité qui est la sienne dans la promotion de la culture malienne. Le 28 juillet 2009, au cours de la remise des prix du bureau malien des droits d’auteurs (BUMDA) aux lauréats de l’émission «Toukagouna», Kandia Kouyaté, par sa présence, a tenu à le dire à tous ceux qui sont sceptiques pour son éternelle engagement pour la cause de la musique malienne. Même si pour le moment la diva est loin des podiums, force est d’admettre qu’elle est et restera une référence de la musique malienne. Mais qui est donc Kandia Kouyaté ? Quel est son parcours ?

Appartenant à une famille de griots descendants de Balla Fasséké Kouyaté, l’on pourrait croire que le destin de Kandia Kouyaté n’a rien d’exceptionnel. Et pourtant, malgré le fait qu’elle soit née dans une famille de griots célèbres, rien n’était d’avance gagné par Kandia Kouyaté. Née à Kita, un peu de temps avant l’indépendance du Mali, dans un environnement propice a la pratique musicale, celle qui allait porter le «Kita Kan» loin des frontières maliennes, a eu le privilège d’aller à l’école. A cette époque, avec l’apprentissage du «Djéliya» au près de sa mère, son père, présenté par plusieurs témoignages comme un grand joueur de balafon, voulait que sa fille ajoute une autre corde à son arc en allant à l’école chez les missionnaires catholiques. Mais, l’homme propose Dieu dispose. En 8e année de l’école fondamentale, suite à une longue maladie de son père, Kandia sera contrainte d’abandonner l’école, pour se consacrer à la musique, qu’elle pratiquait déjà si bien. Décision fut prise de rallier Bamako, où elle intègre le populaire groupe appolo des années 70, dirigé à l’époque par son oncle Mady Sylla Kouyaté. Mais, le séjour Bamakois fut de courte durée. Dès l’âge de 18 ans, elle se marie à un griot originaire de Kayes et décide de rejoindre la capitale des rails. Mais, dans cette ville, la cantatrice dont la carrière est en construction, va découvrir avec beaucoup de plaisir la différence entre les airs musicales du Khasso et de Kita. Ce sera une belle opportunité pour l’artiste de se mettre à l’apprentissage de la musique Khassonké, sous la direction de sa belle mère qui va en quelque sorte parfaire sa formation aux secrets du «Djéliya». Au début des années 80, le Mali, avec l’arrivée sur la scène de la génération des artistes comme Kandia Kouyaté, Tata Bambo Kouyaté et Amie Koïta, va enregistrer, un dynamisme exceptionnel dans la pratique musicale. Sans bruit et sans trompette, quelque chose d’irréversible venait de se réaliser dans la pratique de la musique au Mali. Ces trois dames, chacune dans son style, en se cramponnant à l’essentiel, on eu le courage d’ouvrir la musique malienne à d’autres sonorités, voir à d’autres rythmes. C’est dans cette foulée que Kandia Kouyaté va enregistrer à Abidjan en Côte d’Ivoire son premier album. De retour du bord de la lagune ébrié, en 1983, son chemin croise celui d’Amary Daou, à l’époque riche commerçant malien, installé à Ségou. Cette rencontre lui inspire sa deuxième œuvre intitulée «Amary Daou». Avec cette œuvre, la voix d’or de Kita confirmait tout le bien que les mélomanes maliens pensaient d’elle avec la sortie de son premier album. Dans un travail artistique inhabituel à l’époque, Kandia Kouyaté, amenait le Mali et le monde à découvrir les mélodies dansantes de son Kita. Avec des textes mis en exergue par sa voix haute et grave, elle devient incontestablement la coqueluche des mélomanes et l’une des ambassadrices les plus appréciées de la musique manding du Mali. En 1986, Kandia eut l’ingéniosité de mettre sur pied un groupe musical qui allait l’accompagner pour une tournée au Gabon. Ce groupe a eu l’opportunité d’enregistrer la participation du génie de la Kora, en la personne de Toumani Diabaté et du célèbre guitariste Bouba Sacko. Mieux que ça, Kandia Kouyaté, dans l’imagerie populaire des maliens devenait une «Ngara» ou maîtresse dans l’art de chanter. En 1987, l’artiste et son groupe en reconnaissance de l’attention que Babani Sissoko leur accordait, enregistrent la cassette intitulée «Projet Dabia». Troisième album de la cantatrice, «Projet Dabia» n’est pas passé inaperçu. Avec trois albums qui avaient convaincu les maliens et de nombreux mélomanes de la sous région, il n’y avait pas de raison que Kandia kouyaté, n’ait pas de raison pour se lancer à la conquête de l’occident. En 1987, le festival «Music of Royal Courts» de la télévision BBC à Londres lui donne la bonne opportunité de transporter son talent au délà des frontières de notre pays et de notre continent. Ce passage en Angleterre, comme on pouvait s’y attendre, allait ouvrir le monde à la voix d’or de Kita. Pendant 4 ans, de 1988 à 1994, accompagnée de son groupe, Kandia Kouyaté dans le cadre d’une tournée internationale dénommée «Africa Oyé», va se rendre en Australie, aux Etats-Unis et à Hong-Kong. Tout juste avec la fin de cette tournée, en 1994, elle va mettre sur le marché son quatrième album intitulé «Sa Kunusa». En 1996, elle entame une série d’expérience avec le célèbre chanteur Guinéen Sékouba Bambino. D’abord, impressionné par la voix et le talent de la chanteuse malienne, Sékouba Bambino va la solliciter pour un duo dans son CD «Kassa». Les mélomanes ne sont pas prêts d’oublier de sitôt le morceau «Djombaya», fruit de cette première expérience. Et pour rendre la monaie à Sékouba Bambino, la malienne va le solliciter à son tour pour son CD «Kita Kan». De cette deuxième expérience est né une très grande chanson «Follilalou». Dédiée aux «Djéli» du mandé, Kandia et Sékouba chantent l’unité. Et n’eut été la maladie, Kandia et Sékouba Kouyaté allaient, comme ils savent le faire, nous donner des chansons dans un arrangement musical qui restera pour l’éternité. Mais, en 2004, Dieu en a décidé autrement. La voix d’or, contrainte par une hémiplégie, a été contrainte d’abandonner le micro. Mais, le jeudi 28 juillet 2009, son apparition au palais de la culture de Bamako est un grand espoir. Vu le courage de Kandia Kouyaté, il n’y a aucun doute, après une phase de rééducation, elle pourra un jour reprendre le micro pour faire danser ses fans et les nombreux mélomanes qui lui souhaitent beaucoup de courage dans cette période.

Assane Koné

SourceLE REPUBLICAIN

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